Auditions « Liège Airport » ce 17 février au Parlement de Wallonie : le débat est (enfin) ouvert !

Ce 17 février, les 3 expert·es dont notre pétition réclamait l’audition ont été entendu·es au Parlement wallon.


Cédric Leterme et Pierre Ozer, en compagnie de Luc Joachims, déposant de la pétition ce 17 février au Parlement de Wallonie à Namur. Anne-Sophie Evrard est intervenue par visio-conférence

Tout d’abord, Anne-Sophie Evrard, chargée de recherches à l’Université Gustave Eiffel, nous a fait part du résultat de ses études liées au bruit des avions sur la santé. S’il reste encore du pain sur la planche de la recherche, il semble bel et bien qu’il y ait des effets extra-auditifs biologiques (perturbations du sommeil, effets sur le système cardiovasculaire, sur le système endocrinien et sur la santé mentale comme l’anxiété et la dépression), ainsi que des effets sur les performances cognitives (notamment chez les enfants), et sur la consommation de médicaments. En somme, sur base des connaissance actuelles, l’on peut conclure que le bruit des avions augmente les hospitalisations et la mortalité (maladies cardiovasculaires +18%, cardiopathies ischémiques +24% et infarctus du myocarde jusqu’à +28%!) des riverain·es vivant à proximité d’un aéroport fréquenté. Si la règlementation wallonne semble respecter de près les recommandations de l’OMS en matière de niveau maximal moyen de décibels, Anne-Sophie Evrard nous rappelle cependant que cela ne veut pas dire que sous ces normes, il n’existe pas d’effet, c’est juste qu’il n’est techniquement pas possible d’aller plus bas. En outre, la question des pics de bruit (et l’on sait que certains gros porteurs de nuit sont un réel souci) n’est pas prise en compte (mais uniquement des moyennes).

Ensuite, Pierre Ozer, professeur de géographie à l’ULiège et climatologue, nous a rappelé dans quel contexte nous nous situons : nous peinons à réduire nos émissions de gaz à effet de serre et si nous continuons, des zones terrestres entières vont devenir inhabitables et invivables. Et pendant ce temps, les livraisons de kérosène augmentent à Liège Airport (l’opacité autour du montant exact est d’ailleurs interpellante) et les records de transport de marchandises sont battus d’année en année. À savoir que : « Si le fret a augmenté de 2,5 entre 2013 et 2021, les émissions de CO2 ont augmenté de 3,1. Ce sont des avions qui vont toujours plus loin, qui sont de gros porteurs et qui sont extrêmement énergivores.(…) ». En somme, tous les éco-gestes des Wallons sont annulés par 4 fois par ce fret aérien. Ce matin même, le professeur a calculé que les émissions CO2 de Liège Airport équivalent à 1,6 fois les émissions dues à la mobilité individuelle de 48% des Wallons ! Dans ses réponses aux questions des député·es, Pierre Ozer ajoute qu’il n’y a pas de cadre juridique contraignant pour les aéroports. Or, il est inquiétant de constater que quelques « petits » paramètres (tels que le prix du kérosène) peut mettre à mal tout un système, avec les conséquences économiques et sociales qui en découlent…

Enfin, Cédric Leterme, chargé d’études au CETRI et au GRESEA, après avoir évoqué le contexte des premiers développements de l’aéroport de Liège, nous a rappelé le coût non négligeable de la création d’emplois liés à son extension. Non seulement, l’Etat subventionne très largement ces emplois – l’équivalent de la création de 5 fois plus d’emplois dans des ASBL pour le même prix-, mais aussi leur coût est 10 fois plus élevé que ce qui est habituellement accordé aux entreprises comme aide à l’embauche. Si des entreprises bénéficient de l’extension de l’aéroport de Liège et qu’elles créent des emplois, il faut certainement ouvrir les yeux sur le type d’emplois qui sont générés : pénibilité, recours aux CDD et intérimaires, automatisation amenant à la déqualification et l’intensification du rythme du travail tout en réduisant les marges de manoeuvre de la négociation de normes salariales… Bref, il n’y a aucun gage de qualité, alors que la création de ces emplois coûte énormément et que le risque de délocalisation est important. Cédric Leterme évoque aussi le coût économique lié à la pollution générée par les activités de l’aéroport, ainsi que le sacrifice de sols réputés pour leur fertilité à l’heure des politiques wallonnes du « zéro béton », des enjeux liés à la raréfaction des terres et de la souveraineté alimentaire. De plus, les activités de logistique induisent forcément peu de retombées locales, et pire, cette activité détruit le tissus économique local. Or, aucune étude n’existe sur cette question à ce jour, en particulier pour l’e-commerce

Ces 3 intervenant·es ont apporté énormément au débat démocratique qui peut (enfin!) avoir lieu, et lorsque les député·es leur ont demandé quelles solutions alternatives pourraient être proposées, si des esquisses des pistes ont été dessinées, ielles ont été renvoyé·es à la nécessité de réunir des actrices et des acteurs concerné·es autour de la table : riverain·es, acteur·trices économiques, politiques, syndicats,…

Compte-rendu par Natalia Claasen


Présentation PPT de Anne-Sophie Evrard : Audition Anne-Sophie Evrard (ppt)


Présentation PPT de Pierre Ozer : Audition Pierre Ozer (ppt)


Présentation PPT de Cédric Leterme : Audition Cédric Leterme (ppt)

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