Intervention de Pierre Eyben, président de notre association et initiateur du projet
En mars 2018, avec l’association d’éducation populaire ‘A Contre Courant’ que j’ai l’honneur de présider, nous lancions une pétition intitulée “Sauvegardons un wagon-thermos, symbole de la sidérurgie liégeoise !”
Pourquoi ? Parce que nous venions de connaître la fin de la phase à chaud de la sidérurgie en région liégeoise ce qui constituait un drame économique et social majeur. Parce qu’à défaut d’avoir pu préserver cette activité économique intimement liée à l’essor industriel de Liège, il était à minima essentiel à nos yeux de préserver son histoire. Parce que nous venions de connaître le dynamitage du haut-fourneau HF6 et craignions de voir ce patrimoine disparaître.
Sauver un haut-fourneau nous semblait alors hors de portée. Et donc nous avons tourné notre attention sur un élément certes plus modeste (enfin près de 200 tonnes quand même, donc c’est du gros modeste) mais surtout sans doute plus caractéristique encore de NOTRE bassin sidérurgique
Cette pétition demandait aux autorités locales, provinciales et régionales les choses suivantes :
– De demander au propriétaire de céder à une autorité publique ou patrimoniale ad-hoc un ou plusieurs exemplaires de wagons-thermos
– Que ce(s) wagon(s)-thermos soit mis « à l’abri »
– Que soit évalué le coût d’un possible traitement
– Que soit étudiée la possibilité de placer le wagon sur un des espaces verts situés face à la Maison de la Métallurgie et de l’Industrie de Liège, laquelle est située sur le site d’Espérance-Longdoz même.
Pas moins de 2800 personnes ont signé cette pétition témoignant du grand intérêt des citoyens pour cet important symbole de l’activité économique qui a forgé le bassin liégeois.
Parmi les premiers signataires de cette pétition l’on retrouvait, des académiques et chercheurs, Pascal Lefèvre (directeur de la MMIL), Philippe Bodeux et Noémie Drouguet (auteurs de «Vive les hauts-fourneaux! »), Nicolas Bomal (photographe), Jean-Louis Delaet (directeur du Bois du Cazier et président de l’asbl Patrimoine Industriel Wallonie-Bruxelles), François Pasquasy, Ludo Bettens (directeur de l’Institut d’Histoire Ouvrière, Economique et Sociales), Jacques Crul (secrétaire de l’asbl Patrimoine Industriel Wallonie-Bruxelles), des syndicalistes comme Nico Cué (alors secrétaire général de la centrale des Métallos de la FGTB) ou Jordan Atanasov (secrétaire régional de la CSC-Métal), et puis divers élus locaux, provinciaux et régionaux sensibles à cette question du patrimoine industriel.
Nous sommes quasi 4 ans plus tard, le parcours est long, il est parfois semé d’embûches mais nous avançons.
Elu fin 2018 à Liège, j’ai eu la chance avec mon collègue Quentin le Bussy de faire voter en 2019, à l’unanimité, une motion de soutien au projet.
Premier élément essentiel, grâce à Arcelor-Mittal qui a fait don d’un exemplaire du beau et grand modèle de poche torpille, celui-ci a été mis à l’abri. C’est sans doute le plus important, ce patrimoine est bel et bien préservé.
Grâce à la SNCB, cet exemplaire va être restauré dans ses ateliers de Monceaux puis réacheminé vers Liège
Mais si au-delà de la préservation, nous voulons faire vivre, et montrer aux générations à venir le témoignage de ce patrimoine industriel, il nous reste deux étapes importantes.
Premièrement, il s’agit d’accueillir dignement A LIEGE ce symbole patrimonial, et je laisserai Monsieur Degée vous en parler.
Deuxièmement, il convient de donner à la MMIL les moyens de le mettre en valeur dans son parcours muséal. Il faut que les enfants de nos écoles puissent visiter ce musée, et voir “en chair et en os”, ou plutôt “en acier et en briques réfractaires” ce wagon-thermos,
Il y a encore du boulot. Mais je ne doute pas que toutes les belles énergies réunies permettront de mener ce projet à son terme sans qu’il déraille.
Vidéo de la conférence de presse :