Réunion d’information sur les extensions de Cainiao (Alibaba) à Liège : beaucoup de police, peu de réponses

Deux fourgons de police, la brigade canine, six policiers à l’entrée en plus de la sécurité privée, fouille de sac et ouverture de veste. Non, je n’entre pas sur un site nucléaire, je vais assister à la réunion d’information préalable (RIP) de CAINIAO (filiale d’Alibaba) à Bierset. Un débat public et démocratique dans un pays en paix. Avant le début de la présentation une dame se dirige vers moi, me tend une carte de visite, me salue par mon nom et se présente comme chargé de communication chez Cainiao, elle me précise que je peux la contacter si jamais j’ai des questions. Me voilà fiché.

La présentation de CAINIAO, du bureau d’architecte et du bureau d’étude va durer 45 minutes, au final pas grand-chose de neuf, notons quand même ceci :

  • plus de 200 emplois, à temps plein locaux majoritairement
  • une formation offerte aux employés, infrastructure tournée vers la sécurité, focus technologique, etc.

   

Pour se dédouaner, on parle d’intégration végétale, de panneaux solaires, d’avoir aider pour le COVID et les inondations, et enfin, d’être partenaire du Standard de Liège. La problématique des avions ? Cainiao l’affirme, ils ne représentent que 6% des vols, et puis ce n’est pas eux, ils n’ont pas d’avions. Pareil pour les camions, ils n’ont pas de camions non plus, mais s’engagent à demander un effort aux prestataires routier et aérien.

Il y a l’architecte, qui fait se qu’il peut pour présenter un beau projet, des voiries pour camions, d’autres pour les voitures, enfin des espaces piétons et un lounge pour les chauffeurs et cerise sur le gâteau, une toiture verte sur … 20m².

Et il y a le bureau d’étude, qui doit étudier un projet dont les riverains ne veulent pas et qui de fait, reçoit bon nombre de critiques. L’animateur, joue son rôle, les riverains aussi, ils étaient de Velroux, Seraing, Liège, Flémalle, Awans, Blegny, Alleur, Remicourt, Bierset, Vottem. Le bourgmestre de Fexhe était là aussi, tout comme celui de Grâce-Hollogne pour prendre note et rédiger le PV. Les questions fusent sur les camions, les avions, la pollution, la sécurité avec le survol de Tihange ou les produits dangereux. Un riverain de Bierset nous parle d’écocide. Un autre nous parle d’éthique ou encore de la vraie nécessité de commander sur AliBaba des autocolants « papillons », des couvertures ou des gourdes. Ou est l’intérêt ? Le responsable Cainiao réplique que l’éthique c’est subjectif.  Il se fait huer par l’assemblée. Evidemment, l’entreprise n’a ni camions, ni avions et ne produit rien, de quoi serait-elle donc coupable, si ce n’est d’occuper un terrain qui ne lui appartient pas non plus et d’offrir de l’emploi dans une région sinistrée ? Le vrai méchant, ce n’est pas le petit Cainiao, mais bien la maison mère AliBaba.

Durant toute la soirée, la police était derrière nous. Au-devant de la salle, derrière un rideau noir, des agents de sécurité très mal cachés, dans le public des agents en civil pas vraiment discrets non plus. Un participant prend la parole et se demande s’il peut parler librement avec une telle présence policière.

Finalement la soirée se passera sans incident, et même sous le refrain de « trop d’avions, trop de camions » entamé par les jeunes du collectif Stop Alibaba. Le combat des riverains est loin d’être terminé.

Cette RIP, n’a de fait que renforcé la conviction qu’il faut agir. Nous avons 15 jours maintenant pour adresser à la commune de Grâce-Hollogne, toutes nos questions et interrogations.

Luc Joachims, premier déposant de la pétition au Parlement Wallon contre l’extension de Liège Airport

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