Carte blanche : Mondial de Football au Qatar : Des dizaines d’alternatives joyeuses et chargées de sens pour dire notre opposition

Tout ou presque a été dit déjà sur les raisons sociales, écologiques et démocratiques (notamment les discriminations liées au genre) pour lesquelles la Coupe de Monde de Football n’aurait jamais dû se tenir au Qatar.

Par cynisme ou par intérêt, cela n’empêche pas certains de se lancer dans un véritable concours d’arguments spécieux pour tenter de justifier l’injustifiable. 

“Les opposants s’y prennent trop tard.”  Outre qu’il est assez naturel que la mobilisation contre cet événement grandisse à mesure que les révélations sur sa réalité surgissent, l’opposition a en vérité existé dès le premier jour, prenant même un tour judiciaire.

“Un tel événement permet de mettre la lumière sur le pays organisateur et d’y faire progresser la démocratie.”  Un simple coup d’œil dans le rétroviseur montre que ni les Jeux Olympiques en Chine, ni la précédente Coupe du Monde en Russie n’ont permis de faire avancer d’un iota la démocratie dans ces pays.  Au contraire, cela a souvent été l’occasion de museler les citoyens qui s’élevaient contre les abus des régimes en place, histoire de ne pas ternir l’image du pays sous les feux des projecteurs. Il en va de même au Qatar.

“Le sport ne doit pas être politisé.” Si des pays dépensent des fortunes pour attirer de tels événements, c’est évidemment parce qu’ils constituent davantage qu’une simple compétition sportive. Il s’agit de s’offrir une gigantesque fenêtre médiatique. Recherche de légitimité internationale, besoin de promouvoir son économie, les motifs sont nombreux et aucunement sportifs. Les manœuvres du Qatar pour obtenir cette compétition le démontrent, la politisation débute avant même la désignation du pays hôte.

Cette désignation n’est pas fondamentalement différente des précédentes, mais elle constitue une véritable caricature de ce dont nous ne voulons plus.  Plus que jamais, ce sont des motifs mercantiles qui président à la désignation des pays organisateurs de grands événements sportifs comme celui-ci.  La parole citoyenne n’est aucunement entendue. Le sportif cède totalement la place aux intérêts financiers.

Mais pour être rentable, pour les organisateurs, pour les médias, ce spectacle a besoin de nous. Il a besoin d’audience. Le pays hôte veut être vu.  Les annonceurs veulent vendre leurs produits et rentabiliser le coût faramineux des publicités. En France, un récent sondage montre que le pourcentage de Français qui vont suivre l’événement est de 20% inférieur à celui de la précédente compétition. Si cette dynamique se confirme, elle constituera la meilleure réponse citoyenne.

Avec l’initiative « Pas Qatar Ce Soir » (et le site www.pasqatarcesoir.be), nous souhaitons participer à cette dynamique. Nous souhaitons montrer que l’argent ne justifie pas tout.  Que de nombreux supporters de football sont également et avant tout des citoyens, qu’ils ont des valeurs.  C’est pourquoi plus de 50 associations ont uni leurs forces afin de proposer un programme alternatif durant toute la durée du Mondial. Notre idée est de proposer des dizaines d’activités à travers la Wallonie et Bruxelles. Ainsi, ne pas regarder des matchs se jouant sur des cimetières à ciel ouvert climatisés ne sera pas un acte de contrition mais une alternative joyeuse et chargée de sens.

Signataires : Félicien Bogaerts (animateur et réalisateur), Edouard Delruelle (philosophe et président de l’UNMS), Pierre Eyben (initiateur et président de A Contre Courant), Jean-Marie Klinkenberg (membre de l’Académie royale de Belgique), Jean-Pascal Labille (secrétaire général de Solidaris), Sarah de Liamchine (présidente de Solidaris Wallonie et co-directrice de Présence et Action Culturelles), Karel Logist (poète), Lisette Lombé (artiste, slameuse), Lucie Morauw (activiste pour la justice climatique et sociale), Christine Pagnoulle (chargée de cours honoraire et membre d’ATTAC), Felix Radu (comédien et auteur), Angel Ramos Sanchez (initiateur et comédien), Claude Semal (chanteur et comédien), Edgar Szoc (président de la Ligue des Droits Humains)

Ce texte a également été publié dans La Libre Belgique

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