La fin de la phase à chaud de la sidérurgie en région liégeoise est un drame économique et social majeur. A défaut d’avoir pu préserver cette activité économique intimement liée à l’essor industriel de Liège, il est essentiel de préserver son histoire.
Les régions industrielles voisines de la Wallonie comme la Ruhr, la Sarre ou la Lorraine ont réussi à préserver des témoins de l’épopée industrielle pour les recycler en parcs paysagers, musées ou espaces économiques. Une telle entreprise est donc tout à fait possible et souhaitable.
L’enjeu le plus visible est bien évidemment celui des haut-fourneaux. A l’arrêt depuis plusieurs années ceux-ci sont malheureusement appelés à disparaître prochainement si aucune initiative n’est prise pour les préserver d’une manière ou d’une autre. Le HF6 est déjà tombé. Avant qu’ArcelorMittal ne rase le HFB à Ougrée – magnifique témoin de la puissance industrielle de nos régions, situé en face même du chaudron de Sclessin – les questions de régénération de ce site et de préservation du patrimoine sont à étudier ensemble.
Mais il est un autre symbole, plus modeste peut-être mais plus spécifique encore de la sidérurgie liégeoise : ce sont les wagons-thermos qui sur les 21 kilomètres de voie unique transportaient la fonte en fusion à partir des hauts-fourneaux (Seraing puis Ougrée) jusqu’à l’aciérie de Chertal depuis la mise en route de cette usine par Espérance-Longdoz en 1963. Ces outils ferroviaires typiques de notre région, témoins de la dispersion des outils de l’industrie sidérurgique de notre bassin sont actuellement en train de se dégrader rapidement.
Les présents signataires demandent aux autorités communales, provinciales et régionales à agir ; ils appellent les élus à interpeller dans les assemblées et conseils qui sont les leurs.
Concrètement nous souhaitons :
- Que soit demandé rapidement à son propriétaire actuel de céder gracieusement à une autorité publique ou patrimoniale ad-hoc un ou plusieurs exemplaires de wagons-thermos (dans un état le meilleur possible)
- Que ce(s) wagon(s)-thermos soit mis « à l’abri » très rapidement.
- Que soit évalué le coût d’un possible traitement si nécessaire.
- Que soit étudiée la possibilité de placer le wagon sur un des espaces verts situés face à la Maison de la Métallurgie et de l’Industrie de Liège, laquelle est située sur le site d’Espérance-Longdoz même.
Ce musée serait chargé d’assurer la bonne conservation et la valorisation du wagon-thermos, qui s’intégrerait parfaitement à sa riche collection.
Premiers signataires (par ordre chronologique): Pierre Eyben (ingénieur, président de A Contre Courant), Quentin le Bussy (conseiller communal, historien), Matthieu Content (conseiller provincial, historien), Pascal Lefèvre (directeur de la Maison de la Métallurgie et de l’Industrie de Liège), Philippe Bodeux et Noémie Drouguet (auteurs de «Vive les hauts-fourneaux! »), Nicolas Bomal (archiviste de mémoire collective), Jean-Louis Delaet (directeur du Bois du Cazier et président de l’asbl Patrimoine Industriel Wallonie-Bruxelles), François Pasquasy (ingénieur civil métallurgiste, historien de la sidérurgie), Arnaud Péters (chercheur au Centre d’Histoire des Sciences et des Techniques de l’Ulg), Veronica Cremasco (ingénieur architecte, ancienne députée régionale, fille de sidérurgiste), Freddy Joris (historien, président du Comité scientifique d’Histoire de Verviers), Eric Geerkens (professeur d’Histoire économique et sociale à l’Ulg), Ludo Bettens (directeur de l’Institut d’Histoire Ouvrière, Economique et Sociales), Julien Dohet (historien du mouvement ouvrier), Jacques Crul (secrétaire de l’asbl Patrimoine Industriel Wallonie-Bruxelles), Nico Cué (secrétaire général de la centrale des Métallos MWB de la FGTB), Jordan Atanasov (secrétaire régional de la CSC-Métal).